Nous l’avons déjà dit : changer ou disparaitre est une loi pour tout organisme vivant. Tout est mouvement, ce qui ne bouge pas à la longue finit par décroître et disparaître. Exactement comme celui qui est sur un vélo ; il doit toujours pédaler, ou tomber. Les entreprises qui savent bouger grandissent et s’exportent au-détriment de celles qui ne le font pas. Celles-ci finissent par être étouffées, englouties sur place par celles-là qui grandissent par leur capacité de changement, leur flexibilité et adaptabilité. Elles prennent aussi en compte la question des droits humains et de la bonne Gouvernance. Pourquoi tenons-nous de tels propos dans cette partie consacrée aux relations internationales et au changement permanent ? C’est que, après les Etats et leurs organisations (inter)gouvernementales (ONU et institutions affiliées, Banque Mondiale, FMI, organisations régionales et sous-régionales), ce sont les entreprises qui font et défont, créent ou orientent les tendances économiques décisives, celles-ci étant au cœur du développement de tout pays. Elles sont donc au centre de la globalisation ou mondialisation. Ainsi est-il toujours utile de penser au rôle joué par des entreprises dans la situation de paix ou de troubles de chaque pays. Les entreprises font bouger les choses, y compris les relations internationales. D’autre part, l’observateur averti reconnaît qu’à la place des Etats classiques ou États-nations apparaissent des états-régions composés de firmes bien connues qui font la fierté de l’économie mondiale (Silicon-Valley, Italie du Nord, Hong-Kong et Chine du sud, …). Cette dernière finira par s’organiser autour de tels grands ensembles, l’union faisant la force, ce que confirment les ensembles économiques et politiques régionaux formés dans le monde.
La globalisation, une question éminemment internationale, pousse inexorablement à toujours plus de besoins d’information, de participation clairvoyante, de transparence, de flexibilité, et donc à des changements permanents à caractère international qui requièrent certaines qualités ou capacités (vision, art de la négociation, ouverture d’esprit, …). Cela concerne tous les domaines d’activités, en leur sein et dans leurs relations avec d’autres entités, y compris celles étrangères. La conduite des changements, de la performance et du développement tant dans le domaine public que privé, lesquels sont impactés par la concurrence et la compétitivité, et par le besoin de performance, devient dès lors un enjeu vital. Ici l’équité, l’éthique et l’esthétique, les valeurs humaines, tout ce qui est moralement faisable et souhaitable devrait s’écrire en lettres d’or, et se refléter dans les accords de partenariats stratégiques. Mais la réalité n’est-elle pas différente ? C’est ce qui explique notre engagement à militer pour des relations internationales plus justes et équitables, comportant moins de risques, au même titre que les autres objectifs cités dans l’introduction du présent site internet. Il s’y ajoute que nos études et activités professionnelles relèvent entre autres, des domaines du Droit (international), des Relations internationales, du Développement des Systèmes d’Organisation, de la Prospective et de la Stratégie.
Le respect des droits humains qui impose la paix, est synonyme d’épanouissement des libertés fondamentales qui permettent le développement des talents, de la créativité et des innovations dans une société apaisée. Donc nul ne peut aller au Développement durable ou à une Mondialisation à visage humain sans ces préalables. Aussi, promouvoir la Recherche-Développement et la Formation permanente exige de passer par ces fondamentaux. Autant de questions restent liées à l’état d’évolution – positive ou négative – de la coopération internationale qui doit tendre vers des échanges gagnant/gagnant décomplexés. Nul ne peut instaurer un processus de développement durable sans ces conditions. Et le tout dépend de la sincérité de l’engagement des acteurs qui doivent travailler sur les faits de manière objective, et de leurs capacités d’anticipation, d’appropriation et d’action, sachant que l’humain doit être au cœur de toute activité, ce dont la promotion est une autre raison de notre existence en tant que structure de conseil et recherche.
À y regarder de près, on a l’impression que les questions de changement, performance et développement dans les relations internationales sont encore loin d’intéresser un grand public, du moins pour ce qui est des objectifs à poursuivre dans l’intérêt de tous. Une globalisation qui ne prend pas en compte ces aspects risque d’alimenter la frustration des peuples défavorisés ; elle n’a pas d’avenir. La prospective va aider à tracer les chemins futurs possibles de relations internationales mieux équilibrées, plus humaines. Aucune autre institution internationale n’est plus concernée par ces exigences d’équilibre et d’humanité que le Conseil de sécurité des Nations-Unies où aucun pays du continent africain n’a le statut de membre permanent, contrairement aux continents américain, européen et asiatique. Voilà qui fausse le jeu de l’équité, de l’égalité et de la concertation internationales. Les relations internationales reposeraient-elles d’avantage sur l’iniquité, la manipulation et la force ? Si oui, à qui cela profite ? Le rééquilibrage des choses n’est-il pas plus qu’urgent ?
Comme nous aimons le dire, la prospective est le fer de lance du changement, et l’anticipation est l’ADN de celui-ci. Ces notions ont donc une importance toute particulière pour le renouveau des relations internationales, et plus précisément pour la Coopération Technique Internationale. Les questions posées ici sont, entre autres : comment pratiquer l’anticipation et le changement ? Avons- nous les bonnes idées et la capacité de les explorer, l’intelligence, la lucidité et la détermination requises pour nous y engager ? L’enthousiasme comme les moyens, ne manquerait-il pas ?
Autres questions en rapport avec celles-là : les territoires sont affectés par la globalisation et donc soumis à des transformations, à des ajustements obligés pour gagner dans les nouvelles configurations du développement local, lui-même largement influencé par le changement climatique comme en témoignent les catastrophes naturelles : inondations, sécheresses, incendies, disparitions d’espèces vivantes, glissements de terrains, … qui se succèdent, et par la poussée du numérique avec ses bienfaits et méfaits. Face à ces phénomènes, quelles stratégies de développement local mettre en place non seulement pour préserver ses ressources locales (matières premières), sa culture, sa jeunesse et ses talents, mais surtout pour accélérer les performances économiques de chaque territoire pour le bien-être de sa population ? Comment constituer des politiques territoriales viables ? Si la Prospective territoriale propose des réponses à ces questions concernant tant le développement local des pays développés que celui des pays dits “en développement”, la veille stratégique appliquée au territoire, ouverte sur le monde dynamique, en action (en cela les deux s’intègrent, se complètent), sera d’une grande utilité pour réinventer le local. Nous sommes ainsi en présence de la veille prospective qui rend d’éminents services au développement local. Il reste à préciser qu’un développement local qui se passe de mesures de décentralisation, simplification et modernisation administratives osées est une autre manière, myope, de commettre de graves erreurs politiques. Et que vaut le développement local sans le consommer local qui donne des ailes aux économies territoriales et nationale, aux producteurs et fabricants de biens ? L’autre objectif du développement local c’est d’allier l’autosuffisance en biens (par ex. l’autosuffisance alimentaire). Ces producteurs, une fois développés, sous la pression de la concurrence et de la compétitivité auront l’ambition d’agir pour entreprendre au-delà des frontières nationales. Que vaut une politique de développement local ou un Plan Pays Émergent (PPE) où l’on assiste impuissamment à la fuite des cerveaux, faute d’activités, d’initiatives entrepreneuriales ?
Pire encore, c’est quand un pays ne jure que par l’endettement, “l’aide” et le soutien technique extérieurs pour se développer, son économie inféodée à des entreprises puissantes, présentes presque partout dans le monde, qui se distinguent par leur rapacité. Les secteurs stratégiques de l’économie de ce pays (électricité, télécommunications, eaux, terres, …) restent majoritairement entre les mains de ces dernières. Une telle économie sombre peu à peu, la pauvreté et la misère avec leur cortège de problèmes s’installent. Les risques internationaux d’ordre sécuritaire, financier et monétaire corsent cette situation sans perspectives. Adieu Démocratie, bonne Gouvernance et Droits humains. Place à l’autoritarisme. L’injustice, la manipulation, la démagogie et la corruption sont banalisées. Les contrats sans appels d’offre avec ces entreprises se généralisent. Plus de développement local. Que reste t-il de l’Humain lorsque des pratiques mensongères le remettent en cause, ébranlent ses fondements et valeurs ? N’oublions pas que le mensonge est le plus grand mal et destructeur de tous les temps, en tout lieu. Seul le mal prospère avec le mensonge. La mal-gouvernance et la violence sont filles du mensonge, le vol en est le fils. Trois autres acteurs illégaux au service d’une cause illégitime. À quelles fins servent-ils ? Le mensonge n’achève son œuvre, qu’il ne retourne contre son géniteur ; ne pouvant résister à la vérité, il finit tôt ou tard par s’effondrer. Les décombres du mensonge sont partout. C’est pourquoi le bon sens, la parole donnée et la vérité des actes et des chiffres n’ont pas de prix pour le développement socio-économique, durable, qui soude la société humaine. Il n’y a de puissance que la vérité. Sur le continent africain certains plans pays émergents ne sont pas allés au-delà du papier de leurs textes ; ils sont vite devenus une illusion politico-économique dangereuse, toute nocive dès le départ. Ils contiennent des vices congénitaux qui empêchent tout développement futur positif ; ils ont même plus détruit que construit, au grand dam des populations. Bien entendu, certains milieux ne font pas cadeau à ces plans qu’ils jugent contraires à leurs intérêts, même s’ils savent que ces plans ont totalement échoué.
Il n’y a de vrai développement (local) que lorsqu’il est endogène, c’est-à-dire porté par les forces locales et répondant aux besoins de la population du territoire. Il s’appuie sur la valorisation des ressources de ce territoire. L’endogénéité du développement tient à ces principes. « Le développement doit être endogène car pour se développer, une société doit rester elle-même, puiser ses forces dans sa culture et dans les formes de pensée et d’action qui lui sont propres. Il doit ainsi devenir une réalité de transformation permanente du système social dans toutes les sociétés, qu’elles soient industrialisées ou en développement » (Huyin Cao Tri, Pham NhuHô et autres). Le développement endogène est incompatible avec l’économie extravertie dans laquelle les forces motrices sont simplement incontrôlables. Il ne peut non plus prospérer dans un pays où la société est maintenue (délibérément) dans l’analphabétisme et l’ignorance. Un faible taux d’hommes et de femmes instruits mais culturellement aliénés ne peut relever le défi du développement local.
Quels liens sont établis entre relations internationales et développement local ?
La question est d'autant plus intéressante qu'elle est examinée à travers celle de l'intercommunalité dont précisément nous parlons ici. En effet, dans ce cas précis la coopération est celle entre deux collectivités territoriales ou plus, appartenant à des Etats frontaliers, étant contiguës. Cette coopération est transfrontalière, avec des politiques de développement local concertées, pour d'un commun accord et collectivement répondre aux besoins des populations locales, de part et d'autre d'une même frontière (aménagement du territoire, assainissement, …). Ces cas riches en enseignements existent : une autre forme d'intégration s'affirme. Il y a aussi le problème du co-développement, par exemple entre une collectivité territoriale d'un pays européen et celle d'un pays africain. Enfin citons aussi le cas des ONG – mais pas toutes, certaines ont des ambitions inavouées, quelques fois sans bureaux propres à l'étranger. Ces organismes - ils sont déjà nombreux - comme le veut la pratique en matière d'accréditation bénéficient souvent du statut diplomatique ; ils contribuent réellement au développement socio-économique des pays accréditaires ; ils interviennent dans différents domaines de la vie des populations, en accord avec les pouvoirs en place. Ils sont des agents diplomatiques et de développement, leurs activités s'inscrivant dans le cadre de la coopération technique internationale. Ces formes de coopération sont à encourager dans la mesure où lesdites activités se conforment aux statuts définis.
Autant de questions interpellent celles des changements, des performances et du développement, pour une évolution à la fois démocratique, viable et rationnelle. Elles demandent des capacités d’anticipation, d’appropriation et d’action s’appuyant sur des valeurs et des savoirs. Sans changement organisationnel avec ses contrôles, évaluations, audits rigoureux et transparents, point de progrès. Celui-ci est synonyme d’amélioration continue. Et pour que celle-ci soit effective, il faut un regard soutenu sur l’avenir (l’à-venir), autre nom de projet(s), dès lors qu’il n’est rien sans projet(s). L’émergence économique que d’aucuns appellent Plan Pays Emergent est à ce prix. Elle est rythmée ou nourrie par l’effort permanent et la responsabilité qui réfutent la fatalité, la corruption et l’impunité des détournements de deniers publics. Elle en appelle au patriotisme dans tout son sens et son contenu. Elle est ouverte aux partenariats avec discernement, et ne peut se négocier ; c’est bien là des aspects très importants pour la survie et la réussite de l’émergence économique. Comme d’autres et peut-être mieux encore, ces aspects ouvrent des portes prometteuses quant aux études prospectives, à la mise en œuvre de l’émergence économique et pour la morale qu’exige celle-ci. Car sans vision ni éthique consolidées, la prétendue émergence économique n’est que du pilotage à vue, un mirage cynique,. Dans certains pays africains tout donne à croire qu’on n’est pas si loin de là, l’émergence économique ne se décrétant pas, elle manque de sincérité. La planification n’en est pas le remède. “Planification” que de pêchés commis en ton nom ! Soulignons enfin que la crédibilité nationale d’un plan pays émergent fait son rayonnement international et lui donne la force de réussir le changement, voire d’être considéré comme un modèle réussi de développement.