L’émergence est un autre nom du développement économique. Les Plans Pays Émergents (PPE) sont donc des plans de développement économique et social se disant de type nouveau. Les deux notions ne se confondent donc pas, l’émergence étant à priori plus complexe à cerner en ce sens qu’elle couvre des réalités nouvelles liées à la complexité du monde contemporain. A l’heure actuelle il est délicat de faire une typologie des plans pays émergents par exemple en Afrique. Néanmoins on serait tenté d’en retenir deux types pour simplifier l’analyse sans pour autant l’appauvrir ; nous compléterons cette analyse par nos suggestions pour une autre vision ou type de plans pays émergents que nous appellerons Plans Pays Émergents de troisième type. Ce que l’on pourrait appeler premier type fait penser à un effet de mode qui séduit, à une commodité politique qui sert à justifier un programme de développement pour avoir une certaine crédibilité notamment auprès des bailleurs de fonds. Le deuxième type de plans pays émergents, c’est d’avantage un mélange de gros endettements et de moyens propres plus ou moins importants, sans une maîtrise de la politique économique et financière ; donc celle-ci est plus dépendante des capitaux étrangers. Ces PPE de type I et de type II comme nous les avons appelés ne sont-ils pas comme les deux faces d’une même médaille ? On remarque que dans les deux cas de figure les arbitrages en matière d’investissements sont très contestables, puisque ne reposant pas sur des critères sociéconomiques objectifs ; presqu’aucune prise en compte de l’efficacité et de la rentabilité des projets mis en place. Les quelques améliorations réalisées sont bien en-deçà de celles qui auraient dû être faites.
Et si l’émergence commençait par les têtes, les cœurs et les territoires où les acteurs ont une vision nouvelle du futur, pensent et agissent autrement pour répondre aux attentes des populations locales en quête de bien-être et de développement ?
Les PPE peuvent être une occasion pour relever de grands défis en termes de décentralisation et de modernisation administratives, sans lesquelles les problèmes actuels ne feront que s’aggraver. En effet, cette troisième voie de PPE que nous lions à une indispensable restructuration et modernisation administratives est celle qui privilégie la mise en œuvre de capacités et d’initiatives notamment internes, d’innovation et d’imagination, de créativité, d’anticipations adaptatives locales. Il s’agit de repenser les bases du développement, ce qui va de pair avec le besoin de repenser les modèles d’organisation du travail au niveau des administrations publiques et privées, de nos institutions, de nos collectivités territoriales…
Notre mission est d’aider en matière de décentralisation, simplification et modernisation administratives, de faire éliminer la bureaucratisation, le cloisonnement des structures, d’instaurer le travail en réseau, de lutte contre le gaspillage des ressources et du temps, … Il s’agit de procéder à un changement qui tienne compte des mutations actuelles du temps, de l’espace, des échanges, de l’information et des relations ; qui tienne compte des évolutions et du dernier art des sciences pour penser et agir autrement, penser globalement et agir localement, sortir des sentiers battus. C’est réveiller, faire vibrer et mailler tous ces talents qui dorment, appelés à s’approprier du PPE en ville et en campagne ; c’est développer dans chaque territoire la volonté, le dynamisme et l’enthousiasme d’entreprendre, d’innover et de créer des richesses. C’est inscrire l’action dans la dynamique de la mondialisation et des Objectifs du Développement durable (ODD). Car notre monde complexe, est fait d’interactions, d’interdépendances, d’antagonismes et d’imprévus où ces facteurs jouent un rôle déterminant. Intégrer ces réalités dans la construction d’un PPE donne des avantages indéniables. Cette démarche stratégique est celle d’ convaincu que seules ces vérités intrinsèques peuvent fonder un plan d’émergence fiable, avec des réformes administratives audacieuses. Ainsi pourrait-on reprocher un manque d’objectivité à ceux qui qualifient les PPE (Plans Pays Émergents) de Plans Pays Endettés (PPE). Mêmes sigles, même réalité, est-on tenté de dire. Pourtant la situation n’est pas sans solution, il est bien possible de la transformer favorablement, mais à quel prix ? Les ressources existent, mais il reste qu’il faut d’autres méthodes, d’autres orientations, des valeurs, une éthique vraie pour gouverner un “Plan Pays Émergent” . Une réorganisation radicale de l’Etat en question est indispensable, une autre politique économique transparente est nécessaire. Ici la prospective stratégique sera à l’honneur. Elle aidera à faire face “aux nécessités du présent tout en ouvrant les voies de l’avenir, tendant toutes ses forces vers une société plus prospère, plus équitable, plus humaine”. (Alain Plantey).